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Le texte de la dictée d'ELA 2008

6 Octobre 2008 , Rédigé par Ecole de Saint Sauveur Publié dans #Vie de l'école

 

Voici le texte intégral de la dictée d'ELA. Bien entendu, nous l'avons adaptée au niveau de chaque élève.

La fabrique de rêves

 

-          Moi, quand je serai grande, je serai hôtesse de l’air, annonça Rose, l’aînée.

-          Moi, quand je serai grande, je serai cosmonaute, répliqua Lilas qui voulait toujours surpasser sa sœur.

-          Moi, quand je serai grand, je serai nain dans un cirque, riposta Florian, le troisième, qui répondait n’importe quoi.

-          Moi, quand je serai grand, je serai mort, dit Olivier.

 

On regarda Olivier qui souriait, paisible. De futur, Olivier, atteint d’une maladie incurable, n’en n’avait guère ; d’après les médecins, la gêne qu’il éprouvait à bouger ses bras ou ses jambes allait s’accentuer jusqu’à lui engourdir le corps, et rendre bientôt sa vie impossible. En entendant la réponse d’Olivier, le père réfléchit. Il faut comprendre qu’imaginer l’avenir était le métier de Monsieur Doré puisqu’il tenait une fabrique de rêves ; dans un long immeuble de onze étages, il occupait des centaines d’employés visionnaires à créer et développer des rêves. Le client qui s’inscrivait à sa compagnie « Rêves sur mesure » se voyait d’abord interrogé par des psychologues afin que l’on détermine son profil de caractère, puis livré aux mains d’une équipe inventive lui concoctant des songes appropriés. Ce commerce marchait d’autant mieux qu’une étude scientifique avait démontré que plus l’on avait de rêves, plus l’on vivait longtemps.

 

Le lendemain, le père amena son fils à la fabrique de rêves. Ses spécialistes découvrirent qu’Olivier, contrairement à ce qu’il prétendait, avait quand même un rêve, mais un seul, celui d’avoir une vie normale. On ne s’en rendait pas compte parce que, aux autres, cela paraissait si évident qu’ils ne le souhaitaient même pas.

-          Pour que votre fils croie à son rêve, il faut que les autres y croient aussi, lui dit le chef des projets. Souvent le rêve partagé finit par créer de la réalité.

Ainsi le père, ce jour-là, eut l’idée de créer la fameuse taxe sur le rêve. A chaque client qui venait développer ses rêves, il demandait deux choses : un euro pour le rêve de son fils, une minute à espérer que son fils guérisse.

 

Avec l’argent amassé et la multiplication solidaire des rêves positifs, Olivier a pu être mieux soigné. Il est toujours là, pas encore grand mais déjà plus vieux, il sourit davantage.

 

Eric-Emmanuel Schmitt


Au nom de l'association ELA, nous remercions tous les participants pour le temps consacré, leur solidarité et leur générosité
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